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"Vivre est la chose la plus rare, la plupart des gens se contentent d'exister"

 -Oscar Wilde-

Partie 3

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2023

La bohème

Apprendre à danser sous la pluie

C’est décidé, je quitte mon joli moulin pour une destination indéfinie, ce nulle part que j'inventerai au gré de mes routes, pour le moment, je goûte la rude vie d’hiver dans un camion de 10 m², c’est parti, mon premier spot est dans une forêt humide, un chemin un peu bourbeux où le temps pluvieux défie ma liberté, mais la clairière est charmante, je m'initie à nouveau, chaque reprise de route est un apprentissage, récupérer les bons réflexes, les gestes, les clairvoyances perdues dans les habitudes de mes sédentarisations. Le second spot est au bord d’un étang brumeux et frisquet, les températures de ce début d’année sont plutôt faibles, ça tombe idéalement bien pour mon expérimentation masochiste, et je dois dire que le climat m’aide en ce sens, bref, il caille. 

Ce froid incertain, j'apprends à le dominer, Charlie ne possède aucune fenêtre, ce qui en fait un avantage, car moins de perdition de chaleur une fois clos, mais un inconvénient parfois, car j’affectionne vivre avec cette ouverture avec la nature. J'analyse le juste milieu et repousse le moment où il me faudra fermer les portes. D'ailleurs, le cloisonnement est le plus souvent esquivé, j’ouvre tout grand et je m’adapte. Les nuits sont encore plus «  techniques », la solution fondamentale consiste à se couvrir d'un bon pull, parfois j’accumule 4 ou 5 couches de vêtements, ce qui me donne l'allure d'un Bibemdum, un bonnet bien chaud, des gants et de grosses chaussettes de laine.

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J’avoue, je prends plaisir à jouer ce petit combat, et quand je me sens au chaud dans mon lit douillet sous ma grosse couette aidée de couvertures bien épaisses, j'estime avoir bravé, ce froid n’est plus qu’une peur qui s'évanouit sur l’itinéraire de mes expériences.

C’est incontestable, je privilégie tout de même des météos plus clémentes, la pluie est plus délicate à contrôler, surtout avec mon Amour, qui lui ne voit pas réellement d’inconvénient à poser ses papattes toutes crados sur le parquet ciré de Charlie. Je me découvre que la pluie est davantage complexe à maitriser que le froid, elle infiltre son humidité partout, le moindre rayon de soleil m’enthousiasme et me permets de sécher. Je m’endurcis et au bout du compte, les étapes du confort passées, ma vie d'hiver devient des plus agréable… j’apprécie ce rapport direct avec les événements météorologiques… Oui, j’apprends à savourer une existence plus proche de l'univers.

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Vanlifer or not Vanlifer, comment je me définis 

En 2020, l’emballement pour la vie nomade en véhicule aménagé s'intensifie, la Vanlife devient le nouveau terme à la mode, certains n’apprécient pas les modes et s’en offusquent, les vieux briscards voient leur forme de vie galvaudée. La Vanlife est perçue comme le petit caprice des Bobos-voyageurs qui d’un coup de pelle dans le compte en banque intègrent sans avoir à gonfler un pneu, la grande fratrie des nomades qui eux, ont bouffé du kilomètre avant de se glorifier d’une vie décalée de la société. D’ailleurs, j’ai inventorié ici les différents genres de voyageurs motorisés que j’ai pu rencontrer sur ma route ( en écriture ), ils se caractérisent comme ils ont envie de s’identifier par eux-mêmes, mais pour ma part, je me définis davantage comme un néo-voyageur ; le terme Vanlife, la vie en Van en Français, ne me gêne pas, il décrit la réalité : je vis bien en Van (même si là encore le terme «  van » est aussi contesté), mais je suis aussi, nomade, vagabond, voyageur et SDF, aucun de ces petits noms d’oiseaux ne m’apparaissent comme péjoratifs, les étiquettes sont toujours apposées par les autres, elles ne déterminent en réalité que ce qu’ils veulent bien voir, c'est là leur seule importance. Si je ne devais conserver qu'une appellation, celle qui me plait davantage est «  Nomade ».

Les p'tits trucs en plus...

Ah ces p’tits bidules qui ne sont pas forcément référencés dans la liste du matos nomade, mais ils me sont tellement indispensables que je ne pourrais vivre sans eux, je pense que chaque nomade possède ses petites manies, voici les miennes :

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Les aimants forts sont présents partout dans Charlie, essentiellement sur les portes des meubles, ils me permettent aussi de maintenir mes rideaux, ou mes moustiquaires, mes structures de bambous, etc., ceux que j’utilise sont super puissants, je n’en ai jamais trouvé dans les magasins traditionnels, je les commande sur internet sur supermagnet.fr par exemple.

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Les pinces à papier me sont très utiles pour fixer les rideaux, les doubler, maintenir les habillements des sièges, idéales, car elles se déclipsent facilement pour le lavage des tissus, j’ai plusieurs dimensions avec plus ou moins de force de serrage. Je dois en avoir une bonne centaine.

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Les scratchs autocollants, je dois tout attacher dans ma petite maison en mouvement, le scratch autocollant me permet de fixer les petits objets que je dois laisser accessibles facilement au quotidien, les télécommandes ou les lampes rechargeables par exemple.

Les éclairages

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Ce ruban LED de 10 mètres branché sur le 220 volts permet d’obtenir un éclairage optimum et réglable en intensité, agréable et doux, il est idéal pour restituer une ambiance cosy maitrisée avec une gamme de couleurs très étendue, il évolue aussi avec la musique, smart connect et télécommande, autocollant, il se monte très facilement et simple d’utilisation, il est surtout très économe en énergie. Je l’ai fixé sur tout le contour du plafond. Je l’ai acheté chez mon ami Action.

Ce petit ruban LED est excellent pour éclairer les petites parties de Charlie, j’en possède deux sortes, l'une avec interrupteur et l’autre avec capteur de mouvement et timer, impeccable pour ne plus m’embêter à allumer les lumières la nuit, surtout depuis l’extérieur, j’en ai installé sur les portes arrières, la porte latérale, l’habitacle conducteur, la soute, la chambre, le salon ce qui me permet de gérer l’électricité plus facilement, ils sont complémentaires à mon éclairage existant. Disposant d’une batterie rechargeable intégrée, ils sont économe, propose un éclairage plus que satisfaisant et facile à poser, ils reviennent à moins de 4 euros chez mon ami Action.

La réglette LED ultra plate Grundig est parfaite pour les portes de placards, rechargeables, son détecteur de mouvement permet son allumage automatique dès l’ouverture de la porte, discrète, elle se fixe facilement avec des scratchs ou ses supports fournis ( il faut pouvoir la retirer facilement pour la recharger ).

La Lampe LED portable 800 lumens, puissante, économe, petite, ergonomique et rechargeable, j’en possède 3 disposées à divers endroits, pour toujours avoir un éclairage rapidement à portée de main. Je les ai achetés chez Action pour moins de 5 euros.

Le projecteur rechargeable, idéal pour éclairer l’extérieur du Van, j’ai fixé des aimants forts pour les fixer partout en un éclair, ils délivrent une lumière puissante, moins de 10 euros chez Action toujours.

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La lampe frontale rechargeable 600 lumens, puissante, je l’emploie quand j’arrive sur un spot de nuit ou quand je pars en éclaireur à la recherche d’un spot sécurisé, mais également sur les chemins de rando ou pour tout mouvement autour du camion me permettant de libérer mes mains. Elle est économique et propose plusieurs options lumineuses. Je l’ai acheté chez Décathlon.

Le tapis antidérapant, très fin, il se glisse sous les objets, supports ou tapis pour éviter le glissement intempestif lors du voyage, utilisé et approuvé ! Action est toujours mon ami pour moins de 1,50 euro.

La sécurité

Le détecteur de monoxyde de carbone est un outil indispensable dans un véhicule aménagé, j’en possède deux placés dans la chambre et le salon, pour détecter rapidement au deux endroits et au cas où l’un tombe en panne. Il fait aussi office de thermomètre.

La caméra de surveillance Smart Connect, elle se recharge par le mini panneau solaire fourni ou branchée sur le 220 volts, elle me permet de visualiser à distance ce qu’il se passe dans Charlie, dotée d’une fonction nocturne, elle possède une alarme sonore et lumineuse pour effrayer les voleurs, une rassurance lorsque je pars en randonnée. Je l’ai acheté chez Action pour moins de 40 euros.

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L’extincteur à poudre 2 kilos, adapté pour pratiquement tous les feux de classe B, C notamment, compact et simple d’utilisation, j’en est installé deux, à l'avant et l'arrière facilement accessibles.

Les essentiels...

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La glacière à compression Norauto de 28 litres m’est suffisante, elle est économe et silencieuse, très bien aménagée, pratique et compacte, elle fonctionne sur 12 et 24 volts. Elle peut congeler et réfrigérer jusqu’à moins 22 °, je l’utilise l’été le plus souvent entre 3 et 9 ° suivant les températures extérieures, car elle risque de décharger les batteries trop rapidement, je la recharge le plus souvent sur l’une de mes deux batteries auxiliaires River pro Ecoflow équipées d’un panneau solaire de la même marque 160 watts, dépliant et amovible pour éviter de décharger mes batteries auxiliaires. Compacte, elle s’ouvre sur le dessus ce qui me permet de la caser sous le meuble de la cuisine, elle est équipée de roulettes, je la tire en la basculant légèrement, une petite gymnastique qui reste toutefois simple. Je l’ai acheté dans une concession Norauto lors d'un voyage, mais d’autres marques comme Vevor présentant un meilleur rapport qualité prix sont disponibles sur internet. Je l’ai payé moins de 300 euros.

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La fontaine Berkey purifie toutes les eaux y compris celles des étangs, des rivières et des lacs les plus pollués, elle élimine les virus, les bactéries pathogènes, kystes et parasites, les produits chimiques nocifs tels qu’herbicides, pesticides, solvants organiques, détergent comme le chlore, les nitrates, nitrites, métaux lourds, plomb, mercure, aluminium, cadmium, bref une eau saine en toute circonstance, je la recommande à tous les nomades que je croise sur ma route, j’ai choisi le modèle 8,5 litres ( différents modèles de 5,6 à 22,7 litres sont disponibles) , je l’ai payé 450 euros avec ses deux filtres. Leurs micropores sont si petits qu’aucun virus ne peut les traverser, mais ils laissent passer les minéraux bénéfiques pour notre organisme. Leur durée peut atteindre plusieurs années (je ne les ai encore jamais changés. J’ai installé ma fontaine dans un petit coffre en bois pour bien la maintenir, elle n'est jamais tombée, plus besoin de pompe, elle fonctionne par inertie avec un robinet très pratique (possibilité de le changer avec un robinet en Inox), j'ai installé un petit réceptacle en verre pour un gain de place optimum.

Et bien cuisiner !

Le réchaud portable camper 3 est compact, léger et surtout économique, il utilise les petites bouteilles de gaz 227g/ 384ml que l’on trouve un peu partout, personnellement, c’est encore chez mon ami Action que je trouve les moins chères, pour moins de 2 euros, chaque cartouche me dure de 4 à 5 jours, soit un budget de 10 euros par mois. Je l’utilise pour cuisiner dehors quand il fait beau, je l'ai payé moins de 40 euros.

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Je recommande

J’ai aussi ce réchaud Campingaz, je souhaitais un système deux feux qui me permettait de cuisiner confortablement, surtout le matin, j’ai craqué un soir de pluie à l’arrache chez Décathlon pour ce modèle vendu 150 euros avec ses deux planchas grill et wok adaptables facilement sur chacun des supports donc pratiques et plutôt adaptées à la vie nomade, hélas, je déconseille fortement ce modèle peu économique, et surtout vendu trop cher par la marque ( on raque les deux plaques ), ses recharges sont exclusivement de la marque ( ne pas confondre avec les Kemper qui ne s’adaptent pas ) et vendues trop chères pour leur contenance, de plus, elle ne se trouve pas partout à l'étranger comme annoncé par le fournisseur, la cartouche 470 ml revient à 10 euros voir plus chez certains revendeurs et ne me dure guère plus que 5 jours, soit 60 euros par mois au lieu de 10 pour le camper bistro 3 ! À noter que la difficulté d'approvisionnement m'oblige à les stocker de donc de prendre davantage de place qu'une bouteille de gaz standard de 5 à 6 kilos par exemple.

J'envisage très rapidement le changement avant de me ruiner.

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Je déconseille 

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Peut-être pour ce modèle-là qui, pour moins de 50 euros, propose deux gaz où je pourrais peut être adapter mes deux planchas ( je n’aurais pas tout perdu ), ce réchaud fonctionne sur les bouteilles de gaz butane propane traditionnels, beaucoup plus économiques et finalement pas si volumineuses.

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Je recommande

La défunte ville d’Oradour sur Glane me laissera un souvenir glaçant, le 10 juin 1944, 643 femmes hommes et enfants furent massacrés par ADOLF DIEKMANN et ses Waffen SS, laissant 6 survivants qui permirent de témoigner de cette journée terrible.

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Le Grand Road

C’est le grand Road Trip ! Le saut dans le vide sans parachute, je débute par la Haute-Vienne.

Mon nouveau périple se poursuit par la Dordogne, puis je remonte par la Corrèze et la Creuse, mon ambition est de rejoindre le Jura pour retrouver des membres de ma famille que je n’ai pas vue depuis 18 ans, et puis, rassembler quelques pièces du Puzzle, comprendre qui je suis, d’où je viens et d’où viennent ceux qui m’on si mal élevés. Ma mère et mon père, qu’est-ce qui a pu engendrer une telle violence en eux et un tel manque d’amour ? Trouverais-je ma réponse ?

Une justification que je n’ai jamais fouillée finalement, tout comme cette négligence de ma famille que j’aime, des cousins, des cousines, des tantes et des oncles, beaucoup sont morts.

 

Le travail, ce foutu travail qui a bouffé ma vie, je l’aimais pourtant, j’en étais passionné, oui, mais voilà, il m’a fait oublier ma quintessence, et davantage. Je ne veux pas chercher à rattraper, d’ailleurs j’estime qu’il est trop tard, mais cheminer, comprendre comment une vie peut défiler à une vitesse vertigineuse, une existence que l’on consacre à tort sur le superflu, la survivance alors que l’essentiel est bien ailleurs, bien plus simple, bien plus élevant.

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C’est ce destin que je choisis en prenant la route, laissant le passé révolu, sans l’oublier, mais en ne le vivant plus, en expérimentant autre chose, ce que certains qualifieraient de fuite. À tort.

On ne fuit pas, on vit autre chose. Et on laisse le reste.

Je suis sûr d’une chose, je dois vivre différemment, trouver, évoluer, même si ce n’est pas forcément vers le meilleur, mais vers le différent, c’est de ça que j’ai besoin.

 

Celui-ci, je le rencontre au bord d’un lac de la haute Corrèze, je suis installé peinard, j’ai posé quelques morceaux de bois sous les roues de Charlie pour le caler dans le chemin frais, légèrement boueux, j’assimile la vie sauvage qui me plait. Le gars a installé ses gaules à quelques mètres de mon bivouac au bord de l’immense et désertique lac, nous ne sommes que nous deux.

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Je décèle que le pécheur se morfond devant sa tripotée de lances qu’il a tendue sans espoir, quand il vient me voir, nous discutons. Le rude gaillard à plus de 75 ans, il me raconte comment il a parcouru le monde, visité tous les pays, des Amériques à l'Asie, en passant par l'Europe, la Russie, l'Inde, pour s’échouer au Vietnam où il a vendu des statuettes de Bouddha aux touristes pendant 20 ans. Il est rentré en France avec une épouse du pays, leur couple touche à sa fin, me confie-t-il.

« t’as une bonne bouille » me lance-t-il. Sur le tableau de bord de sa vieille bagnole, il désigne un Bouddha solidement collé : « celui-ci est un vrai, pas une copie que je vendais aux touristes, je te l’offre.

Non ! M’écrié-je gêné, tu ne peux pas, j’ai tort, car l’homme est trop déterminé pour que je tente de le dissuader de décrocher ce qui semble être pour lui un objet cher, on ne colle pas n’importe quoi sur le véhicule qui guide un nomade sur sa route, et puis ses paluches géantes ont déjà sorti un couteau d’aventurier de sa poche, il triture le vénéré, dur dur, il résiste, un bout du plastique se décroche, le voilà dans mes mains…

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Avant de nous quitter, le bonhomme me livrera sa dernière confidence :

Son Bouddha est aujourd’hui collé sur mon tableau de bord, et à chaque fois que je reprends la route, je passe doucement ma main dessus, les nomades sont superstitieux, paraît-il, et nostalgiques.

 

« tu viens de me redonner l’envie, je rachète un camping-car et je repars sur la route… »

 

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Le "déconditionnement progressif"

J’apprends à me détacher du conditionnement qui a contrôlé ma vie jusqu’à présent, c’est une tâche ardue, mais à laquelle je prends plaisir, estomper mes idées préconçues demande de l’abnégation et un travail sur moi-même, mais le temps que je m’accorde à le faire m’est profitable, pour cela je me rapproche des vertus qui me semblent désormais les plus essentielles, celles que ne m’a pas enseigné la société, exposer au grand jour celles que je méconnais, que j’ai remisées au fond de mon être, celles qui vont m’apporter la joie et le bonheur d’une vie libre de toute imposition, une base en alignement avec qui je suis réellement. J’écoute mes besoins primaires, comme le font les animaux, j’utilise la partie reptilienne de mon cerveau, je mange quand j’ai faim, je me couche quand j’ai sommeil, je me lève quand je me sens reposé, je marche quand j’en éprouve la nécessité, je repose mon corps quand il me le demande, je prends le temps de

contempler, je m’initie à ce bel art de ne rien faire et de vivre lentement. Pourtant, ce ne sont pas les activités qui manquent, Charlie m’offre constamment un bidule à bricoler, un nouveau rideau à accrocher, un changement, une amélioration, une réparation, car sur la route elle doit être immédiate. Embellir mon cocon devient ma dopamine. Cet animal étrange s’enrichit chaque jour d’une beauté originale. Curieusement, je me surprends à me dire après une amélioration « mais comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ? »

Le mois dernier, mon gite à Brantome était voisin de l’usine à fabriquer des véhicules de loisir, la célébrissime « Fond Vendôme » réputée pour ses fourgons aménagés de série. Lors de ma visite, j’ai pu y observer des alignements impressionnants de camions clonés quasiment sur le même prototype avec plus ou moins d’options, visiblement l’appartement formica du voyageur en roulotte motorisée. Des habitats fonctionnels certes, mais dénués du charme de la création personnelle. Parfois, au gré d’un de mes passages devant la boutique d’un concessionnaire du caravaning (j’ai toujours une fieffée pièce à acheter, mais surtout combler mon plaisir d’arpenter ce milieu qui me passionne), je sillonne leur cour d’exposition et leur flopée de beaux dormants en attente de leur prince charmant, je prends le temps de visiter quelques-uns de ces monstres de série, alors j’essaie de projeter mon nomadisme personnel dans leurs habitacles aux finitions impeccables, enfin, d’apparence. Serais-je heureux dans ce genre d’univers ? Certes, très confortable, avouons-le, où je n’aurais qu’à poser mes fesses et appuyer sur les boutons pour abaisser les stores, mais qui me parait tellement aseptisé à l’égard de de ce que je souhaite vivre. Cette rêverie s’évanouit aussi vite qu’elle m’est apparue, j’aime mon vieux Charlie joliment anarchiste. Peut être qu’un jour je m’octroierais l’achat d’un tel engin, mais je sais qu’irrémédiablement, je recréerai un intérieur qui me corresponde.

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Le temps n’a plus d’importance, je regarde les gens filer à toute allure sans même savoir pourquoi réellement ils se comportent aussi terriblement, peut-être pour ne pas rater le journal de 20 heures qui leur délivre les atrocités causant leurs malheurs, ou un quelconque apéro pour se rebooster d’une journée éprouvante de travail affecté de turpitude et de café ingéré pour carburer sans faiblir. Vivre vite, de plus en plus vite pour convenir aux affres d’une société peu reconnaissante. En vérité, cette célérité inconsciente me remplit d’effroi.

 

Je n’accepte plus la souffrance que l’on inflige à notre planète, nos animaux, notre biodiversité, je suis devenu végétarien, proche du véganisme, et je mange des produits frais et bio n’ayant pas subit les détournements du chimiquement soi-disant correct, autant que je peux.

 

Je fais mes courses dans les petits magasins, mais parfois il m’arrive de pénétrer dans les tourments bruyants d’une galerie commerciale, une étrange sensation m’envahit, je réalise que ce monde que je réfute n’est plus le mien, je le survole sur mon nuage, j’inspire profondément avant de pénétrer dans ce milieu suranné, je n’éprouve ni mépris, ni condescendance, mais je discerne leur souffrance, ils sont blancs comme des cierges, sans soleil, attendant le chaland dans leurs cases aveuglantes de lumières artificielles, mendiant une poignée de pognon pour revenir chez eux contentés, puis recommencer le lendemain, en attendant le week-end, le barbecue, le tour de l’étang ou s’enfumer et refaire le monde au fond d’un bar bruyant. Cette connerie que j’ai faite pendant 30 ans.

Je m’émancipe de cette société à qui j’ai sacrifié la majeure partie de ma vie et ces institutions qui ne me correspondent plus.

Déjà, mon voyage à Compostelle m’avait réveillé. Mon amie Sylvie et moi sortions du sentier, quand la ville se rapprochait et notre chemin devenait ville, son brouhaha ininterrompu nous cernait à la gorge, nous évitions ces gueulants bolides devenus les rois de notre nouveau monde. Nous venions de marcher pendant 15 jours dans la sérénité offerte par la nature, loin de ce tumulte incessant, rationalisé et désormais incontrôlable, nous devions nous ravitailler pour le soir, sur notre chemin, nous n’avions pas d’autres alternatives que ce supermarché. Je m’étais avancé dans les rayons quand je ressentis mon malaise, les boites de conserve alignées se voilaient et se mirent à tournoyer, je ne comprenais pas ce que je faisais ici, comme si une étrange réalité venue d’ailleurs me sortait de mon rêve. Pourquoi ces gens inanimés poussaient leurs caddys remplis de victuailles emballées dans ces allées lugubres et bariolées de superficialité ? Pourquoi tout ça ? J’évitais les analyses philosophiques, je n’en avais d’ailleurs pas les moyens, cependant je réalisais ce qu’était devenu notre monde, sa futilité et son inutilité assumée, son conventionnalisme institué, et pourquoi personne n’y faisait rien, personne n’intervenait, tout paraissait si bêtement normal. Mon amie me confiait avoir ressenti le même étrange ressenti. Nous dégagions promptement nos corps perdus de ce lieu inapproprié.

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Je ne me fie plus aux horloges, je relègue les impositions horaires, ma seule référence du temps qui passe est celle que m’offre le soleil. Mes rares rendez-vous, chez le dentiste, le docteur ou de quelconques notables me ramènent leur réalité, alors j’enfile un pantalon et une chemise de monsieur tout le monde (j’en ai stocké un jeu au fond de ma malle en bois) et rejoints pour quelques instants comptés l’Ancien Monde, mon apparition n’y sera qu’éphémère, je palpe le bonheur de m’être délesté de ces faux semblants. Comment ai-je pu survivre dans cet aquarium de superficialité ? Je plane, je rêve, sans mépris toutefois, car je sais que rapidement je quitterai ces habits de carnaval pour retrouver ceux de ma liberté.

 

J’ai appris à ignorer le regard des autres et à ne plus m’en inquiéter, désormais, il m’indiffère.

PSYCHO-QUIZZ

De quoi as-tu le plus peur ?

Que mon camion tombe en panne, de la maladie et que mon mode de vie s’arrête.

As-tu des moments de tristesse ?

Oui, ça m’arrive, comme tout le monde, mais jamais très longtemps, je suis surtout triste de ce que l’on fait subir aux habitants de notre planète, aux animaux et à l’environnement.

 

Ressens-tu de la colère ?

Pas souvent, mais toujours pour les mêmes raisons invoquées si dessus.

 

As-tu des moments d’incertitude ?

Oui, il m’arrive de me demander si la société n’aurait pas raison, mais je me ressaisi très vite.

 

Pleures-tu souvent ?

Jamais sur mon sort, mais je pleure très fort quand je vois un démuni, un enfant ou un animal maltraité, j’ai parfois du mal à m’en remettre.

 

Ex-tu anxieux ?

Oui, c’est dans ma constitution, je crois, mais je me soigne.

 

Es-tu positif ou négatif ?

Paradoxalement à mon anxiété, je cultive la pensée positive que je recommande à tout le monde même si au début elle peut paraître impalpable, une belle façon de voir la vie et d’effacer les turpitudes quotidiennes qui ne sont pour la plupart du temps issues que de nos créations.

 

Es-tu calme et posé ?

Oui, c’est ma principale qualité, je crois, même si je suis bouillonnant à l’intérieur parfois, c’est tout le paradoxe de ma personnalité, je sais rester stoïque, je l’ai appris.

 

Comment vois-tu ta vie future ?

Je ne la vois pas, je vis au présent, notre société nous impose tellement de commettre cette erreur de confondre l’établissement d’un destin prévisible et nos projets réels. J’ai celui de trouver un petit coin de nature posé au bord d’une rivière avec un chalet, mais je continuerai de voyager.

 

Et le futur de notre humanité ?

Il doit changer si nous ne voulons pas aller vers notre extinction.

As-tu des regrets ?

Oui, celui de ne pas avoir pris la route plus tôt, sincèrement, je serais même parti très tôt, pas forcément en Van, à pieds, avec les jambes de ma jeunesse ou en vélo, le voyage est la meilleure école du monde, mais je ne vis pas avec mes regrets, ils sont derrière moi.

 

Ressens-tu de la culpabilité ?

Oui et non. Non pour ma sortie de société, j’ai travaillé pour et je ne dois rien à personne, oui, dans le sens où je pense ne pas faire assez pour participer au changement, mais rien n’est déterminé indéfiniment.

 

As-tu des dégouts ?

Sur la route pour ceux qui dégueulassent la nature sinon, profondément pour les fascistes, l’extrême droite, les chasseurs, les petits oligarques qui n’ont pour seul pouvoir que d’étaler leur haine, et un peu pour ceux qui leur obéissent.

 

Et de la haine alors ?

Nous sommes dans une période où la haine est au centre de l’humanité, l’establishment de ces dernières décennies l’ont ancrée en chacun de nous, pour nous diviser, mieux nous diriger et protéger leurs petites affaires, que l’on soit sédentaire ou nomade, c’est une difficulté d’y échapper, quoiqu’on dise, mais il me semble possible de la canaliser au maximum de quelques bords que l’on soit, je m’y emploie chaque jour et la route m’aide en ce sens.

Crains-tu le regard des autres ?

Non, un regard malveillant m’indiffère s’il ne touche pas à mon intégrité, un regard bienveillant me rendra joyeux même si je ne suis pas en recherche de compassion.

 

Aimes-tu les êtres humains ?

Oui, je les aime, la plupart sont victimes d’une petite poignée de fous qui ont pris le contrôle du monde.

J’aimerais que monsieur tout le monde se réveille et sorte de sa torpeur, il suffit juste d’une petite étincelle. Je voue une admiration sans limite aux gens qui sont sortis des rangs et ceux qui sont dans l’action du changement.

 

As-tu des envies ?

Oui, continuer à vivre cette vie le plus longtemps possible, et si je m'arrête c'est que le destin me l'aura proposé.

 

Et des souhaits ?

Que les oligarques qui ont pris en otage nos terres ne stigmatisent plus les nomades.

 

Es-tu heureux ?

Oui, très, en tout cas ça y ressemble.

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